23.01.2011 — 06.03.2011
Boom Boom

Le Manoir de la Ville de Martigny a le plaisir d'annoncer BOOM BOOM, dans le cadre du « Printemps des jeunes artistes » 2011, du 23 janvier au 6 mars. L'exposition met en scène les œuvres de deux jeunes artistes : Le Gentil Garçon, lyonnais reconnu internationalement et l'artiste émergeant valaisan Yan Muehlheim (▸ site). Boom Boom c'est avant tout la rencontre de deux personnalités dont le dialogue forme la trame tant thématique que formelle de l'exposition. Une grande partie des oeuvres sont créées pour le Manoir.

 

 

Le film d’animation « Restore Hope » sera réalisé in situ durant le séjour du Gentil Garçon à Martigny.

 

 

Les deux artistes ont déjà visité le Manoir ; Yan Muehlheim, en 2007, avec une installation de l’Espace café du Manoir durant l’exposition « Portes ouvertes » : le tapis Ganioz, la machine à couper les femmes en deux, des photographies et une vidéo énigmatiques, et Le Gentil Garçon en 2010 pour l’exposition « Pas du Jeu » par la curatrice Véronique Ribordy. Il installe sur mesure au grand salon du Manoir son mini cinéma fluorama, y projette sa vidéo « The Rise and Fall of black Light City » et présente sa sculpture « Newton ».
Lorsque Le Gentil Garçon a repris contact au printemps 2010 pour proposer au Manoir de participer à la publication de son encyclopédie « Tout Le Gentil Garçon » qui paraîtra en mai, c’est avec un immense plaisir que nous avons accepté et mis sur pied le projet d’exposition.

Pour l’accompagner, nous avons proposé l’artiste Yan Muhlheim qui partage avec Le Gentil Garçon un intérêt pour la question du « faire », jouant avec les techniques les plus diverses. Sciences de l’éducation et parcours éclectique pour Muehlheim, mathématiques, arts appliqués et 12 ans de carrière dans le domaine de l’art contemporain pour Le Gentil Garçon. Menant sa carrière de manière indépendante, ce dernier choisit ses projets et a déjà partagé son univers au delà des frontières : Canada, Chine, Japon.
Qu’est-ce qui amène à produire une forme ? Comment passe-t-on du rien à quelque chose ? L’œuvre accomplie transcende les dualités, bien - mal, joie - mélancolie, plaisir - souffrance. Mais, soumis au principe de réalité, l’artiste au travail élabore des stratégies singulières, révélatrices de son parcours, pour jongler avec les contingences et atteindre son but. « Je vise un point étrangement innervé, à mi distance entre le cerveau et le cœur »

(Le Gentil Garçon).
Au sujet du processus créatif, alors que YM renvoie au « travail » créatif dans le sens de son origine « tripalium », machine de torture romaine, LGG entend « processus de pensée » et « jubilation mentale ». La posture du Gentil Garçon évoque celle d’un enfant “il ne décrit pas le monde, il le découvre” . Le chemin est plus important que la destination (mais sans destination pas de chemin). Pour Yan Muehlheim, le moteur est souvent lié à un sentiment de révolte. Ses œuvres ont une aura plus sombre et un humour plutôt grinçant.
L’esprit du Gentil Garçon souffle sur le projet. En effet, il aime donner à voir le processus créatif, de l’idée à la réalisation, prenant souvent la forme de challenges techniques ou intellectuels avec un aspect « obsessionnel ». Par exemple, en Chine, il construit, sans structure, avec 4'000 os en plastique collés en six jours son Ceratopidoïde (Collection Guangdong Museum of Art). Le musée au lieu de détruire l’œuvre détruisit une paroi afin que la sculpture puisse être vue de l’extérieur. Son approche de la création prolonge ses rituels d’enfance d’exorcisation de la peur et ses dispositifs contraignants le plongent dans un état propice à la naissance de nouvelles idées.
Après la présentation de YM de son projet « Création Aliénation, qui convoque la question du traumatisme du nazisme sur le peuple allemand, LGG décentre la thématique pour évoquer la résilience (concept développé en psychologie par l’éthologue Boris Cyrulnik après l’observation d’ancien détenus de camps de concentration). On trouve cette idée de capacité à se réinventer en filigrane dans son approche de la création: constatant l’impossibilité de connaître la réalité, il dépasse le problème et décide capitaliser son ignorance. « Mais plus j'étudiais le fonctionnement du monde et plus je doutais de sa réalité, sa texture devenait changeante, il me glissait entre les doigts. Aussi j'ai décidé d'arrêter d'apprendre ; dorénavant, l'inconnu, je l'inventerai. » (« Une bonne pioche », www.legentilgarcon.com).

 

 

Le public est cordialement invité à expérimenter « le Manège des rêves » [YM], « 777 ans de Malheur » ou encore « le Sismographe à effet comique » [LGG]. Il pourra méditer au sujet bonheur obligatoire au sein de l’installation « Restore Hope » [LGG] (avec un film d’animation que Le Gentil Garçon a tourné en résidence, impliquant ainsi des gens de Martigny). « Le Vélo Woolant » [YM], mais encore, entre autres, « un Millier d’années » et « Double Majeur » [LGG] seront à découvrir sur les trois étages du Manoir en fête.

 

 

Boom Boom

777 ans de malheur (2011)
© Le Gentil Garçon

Boom Boom

Restore Hope (2011)
© Le Gentil Garçon

Boom Boom

Que faire ? (2011)
© Le Gentil Garçon

 

Boom Boom

Restore Hope (2011)
© Le Gentil Garçon

Boom Boom

Sismographe à effet comique (2011)
© Le Gentil Garçon

 

 

Podcast de la table ronde du 26.01.2011, avec pour thème central la notion de liberté dans l'art.  [1'55'' | 41 Mo]

Les intervenants: Mads Olesen (directeur du Manoir), Delphine Besse (commissaire d'exposition), Julien Amouroux (Le Gentil Garçon, artiste), Yan Muehlheim (artiste), Laurent Wolf (critique d’art au journal Le Temps), Gérald Morin (rédacteur en chef du magazine Culture Enjeu)