Bhuri Bai

Née dans les années 1960 dans le Madya Pradesh

 

Bhuri Bai, circa 1990
Photo courtesy galerie Hervé Perdriolle

Née dans les annés 60, Bhuri Baï a fait ses premières peintures murales dès l’âge de dix ans dans son village du district de Jahuba, à la limite du Madhya Pradesh et du Gujarat. C’est en s’installant à Bhopal pour trouver du travail qu’elle rencontre Jagdish Swaminathan, grande figure de l’art moderne indien, théoricien et cofondateur du Bharat Bhavan, seul musée à mettre sur un pied d’égalité art contemporain rural et urbain. Bhuri Baï a été l’une des toutes premières femmes de sa tribu à peindre sur papier et sur toile. Les formes créées par Bhuri Baï ont cette particularité de sembler flotter dans l’espace, comme en état d’apesanteur. Faites d’aplats de couleurs vives semblables à des papiers découpés (on pense à Matisse), ses formes molles (on pense à Dalí) sont constellées de points de couleurs, non bord à bord, comme ceux des aborigènes d’Australie, mais épars.

 

Bhuri Bai, 1999, acrylique sur papier 71x56 cm
Collection privée, Paris

Les points, de couleurs franches eux aussi, se dispersent sur ces aplats. Points d’ancrage, de lumière, ou encore, et tout à la fois, d’énergie, ils apportent une efficacité visuelle paradoxalement à la fois puissante et évanescente, entre l’intime et le cosmique. Nombre de ses sujets mettent en scène et révèlent, non sans une forme d’humour que l’on pourrait qualifier de microgravité, le conflit entre la femme, créatrice, et l’homme, prédateur. Ces thèmes, que l’on retrouve souvent chez d’autres peintres premiers, peuvent être aussi perçus comme des métaphores de la spoliation des terres, des rapports entre l’homme et l’animal, le domestique et le sauvage, la nature et le monde moderne.

 

Bhuri Baï a été invitée, avec Jangarh Singh Shyam, en Australie où elle a réalisé des oeuvres en compagnie des plus grands peintres aborigènes qui, avec elle et sans doute d’autres peuples primitifs, partagent cette conception ancestrale selon laquelle tout corps est composé de particules. Bhuri Baï a participé à de nombreuses expositions dont Freedom, à la Cima Gallery à Calcutta en 2008, Now that the trees have spoken, à la Pundole Gallery de Mumbai en 2009, Autres maîtres de l’Inde, au musée du quai Branly à Paris en 2010. Une de ses peintures est présentée en 2007 par Sotheby’s New York lors d’une vente au profit du futur musée d’art moderne de Calcutta.